Je travaille donc je souffre ?

15/07/2014 15:45

Le travail c’est la santé ! Il m’arrive d’en douter le matin au réveil et pourtant je pourrai difficilement m’en passer.  J’aime ce que je fais mais je n’aime pas forcément les rythmes et les conditions qui y sont liés.  L’évolution de nos sociétés et les progrès qu’elles ont généré ont eu pour effet de réduire la pénibilité physique de nombreux postes, y compris dans l’industrie, la construction ou le secteur de l’entretien.  Par ailleurs, l’accès à l’éducation et, parallèlement, à l’information a très souvent renforcé l’intérêt du travail lui-même. 

Pénibilité physique  en baisse et intérêt en hausse…Tout devrait aller pour le mieux dans le monde du travail.  Pourtant les taux d’incapacité pour raisons psychologiques et neurologiques n’ont jamais été aussi élevés,  au point de largement dépasser les causes physiques d’incapacité.

Où réside donc le problème ? 

Les progrès techniques et technologiques sont essentiellement conçus comme un levier de productivité.  S’ils ont un effet sur la réduction de la pénibilité « effective », ils ont aussi créé un nouveau facteur de stress en augmentant significativement le rythme du travail.    La même unité temps doit servir à produire beaucoup plus.  A charge pour le travailleur de s’adapter à l’outil.  Celui-ci l’aide dans ses tâches mais lui dicte en même temps les procédés et les cadences.  Par ailleurs, pour ne pas voir sa compétitivité diminuée, l’entreprise n’a d’autre choix que de calquer sa productivité sur les sociétés qui ont le plus utilisé les technologies comme accélérateur de production.  Survivre, c’est suivre le mouvement.  La charge physique du travail fait donc place à la charge psychosociale.  Les accidents mortels font place aux incapacités de longue durée pour raisons psychologiques.  Nos travailleurs vivent plus longtemps et en meilleure santé physique mais pas forcément mieux dans leur vécu. 

Le travail lui-même est devenu beaucoup moins pénible et plus intéressant qu’avant.  Les contraintes qu’on lui impose ont cependant largement dégradé les progrès engrangés.  Ce sont donc ces contraintes qu’il faut dénoncer, traquer, changer.  La recherche de modèles d’organisation du travail sur lesquels l’individu (ou le groupe) a une maîtrise est à privilégier. La santé au travail par l’amélioration des conditions sociales et psychosociales est une priorité.  Si nous parvenons à relever le défi de lever les contraintes qui engendrent la souffrance, nous capitaliserons sur les progrès qui ont permis au travail d’être moins pénible et plus intéressant.

 

Pascal DENHAERINCK

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