Le secret pour battre des records

29/08/2014 17:58

Il est étonnant de constater les efforts que nous devons faire pour ne pas nous inscrire dans un modèle compétitif.  Presque dans tous les domaines importants de notre vie, nous sommes confrontés à la tentation de nous comparer aux autres avec cette question lancinante : « Suis-je le meilleur ?».  Surprenante mécanique intellectuelle aux conséquences majeures.  Certes, je ne dénierai pas à la compétition la procuration de sensations stimulantes qui peuvent, l’espace d’un instant, nous donner l’illusion de la motivation.  Si l’on y réfléchit à deux fois cependant, on s’aperçoit, sans être grand clerc, que cette dynamique motivationnelle est aussi primitive que dérisoire.

Le rédacteur de ce billet en parle d’autant plus à l’aise qu’il n’a pas hésité à y recourir dans bien des domaines et qu’il s’y est parfois beaucoup amusé.  Mieux vaut cependant ne pas appliquer la recette à toutes les sauces sous peine d’être rapidement immergé dans des cercles aussi vicieux que pervers.

En effet, jamais rapport à l’autre n’a été aussi producteur d’isolement, d’échecs et d’inefficacité que la compétition.  A tel point que l’on peut affirmer sans grand risque d’erreur qu’elle comporte en elle les gênes de la destruction du système qu’elle est sensée stimuler.

L’Isolement d’abord.  Toute compétition inclut presque invariablement une première place.  Comme son nom l’indique, il n’y en a qu’une.  La compétition induit donc un plaisir bien solitaire, le sommet de l’onanisme lorsqu’elle est poussée à l’extrême.  Il est évidemment possible de former un club entre gagnants mais compte tenu de leur nombre par rapport aux perdants, cela le restreint considérablement.  Pour ceux qui aiment la diversité, il faudra repasser.

L’échec ensuite.  La compétition est la plus grande fabrique au monde de perdants.  Alors qu’elle ne produit qu’un seul gagnant, à chaque fois qu’elle est activée, elle produit un nombre bien plus grands de perdants.  Elle est redoutable d’efficacité dans la production de losers.  Même Taylor aurait été envieux de ce processus d’une fiabilité à toute épreuve.  La production est garantie à tous les coups avec une récurrence métronomique. 

L’inefficacité enfin.  Faut-il seulement en faire la démonstration ?  Pour être numéro 1, le candidat gagnant devra à un moment ou à un autre s’appuyer sur d’autres : des équipiers, des collègues, voire les autres compétiteurs. Comment peut-il néanmoins rester seul à la fin sauf à trouver des stratégies pour écarter les autres ? C’est ici que l’on parle de « tactiques ».  Cela explique, par exemple, qu’un athlète ne recherche pas à battre un record à chacune de ses courses.  Il veut être premier mais pas forcément battre un record.  Il a d’ailleurs souvent intérêt à ménager ses efforts pour rester premier à la fin.  Il y a fort à parier que si tous les concurrents d’une même course collaboraient à chaque départ donné, le nombre de records battus serait bien plus grand. 

Si vous voulez battre des records, essayez donc la coopération.

Pascal DENHAERINCK

Précédent

Contact

J'y pense
Avenue konrad Adenauer 8
1200 Bruxelles

+32495167130

© 2014 Tous droits réservés.

Créer un site internet gratuitWebnode