Mon travail, ma vie
10/10/2014 18:19
Je lisais ce midi un hommage particulièrement émouvant d’une de nos équipes à une jeune collègue qui vient de décéder subitement. Difficile de rester insensible à cette description toute en finesse et sensibilité de la trace indélébile que cette personne aura laissée chez ses collègues.
Derrière les sentiments et les mots, il y a surtout une réalité que nous vivons tous au quotidien avec plus ou moins d’intensité. Notre lieu de travail est d’abord et avant tout un lieu de vie.
Bien sûr nous recevons un salaire qui nous permet de (sur)vivre, bien sûr l’entreprise attend de nous des résultats en contrepartie, bien sûr nous contribuons par notre travail à un vaste système qui tente de maintenir notre société en équilibre. Il n’empêche que cet espace est un espace vital dans lequel nous exprimons qui nous sommes, éprouvons des sentiments, nouons des relations, construisons notre identité.
Il peut sembler banal de souligner une telle évidence. Pourtant combien de coups de canif portons- nous chaque jour à notre estime de nous-mêmes ou à celles des autres ? Ces gestes, ces phrases qui dévalorisent, ces ressentiments qui nous animent, ces pratiques qui révèlent un manque de confiance, ces critiques irrespectueuses. Avons-nous autant le réflexe d’encourager, de valoriser, d’écouter, d’être patients avec nous-mêmes et les autres ?
Que l’on ne se méprenne pas sur mes intentions. Pas de leçon de morale ou de code de conduite. La perfection relationnelle est un leurre et nos lacunes font partie de nous. Plutôt une invitation à regarder notre lieu de travail comme un lieu de vie, notre travail comme une composante de notre propre vie.
La sensibilité n’est pas une faiblesse. Il faut être très fort pour se poser des questions, se remettre en cause, sentir lorsque l’on fait bien ou mal, essayer autre chose, essayer autrement, vivre qui l’on est au travail. Le recours aux slogans, aux méthodes toutes faites, aux évidences managériales ne nécessite pas autant d’efforts.
J’espère que les années à venir me rendront plus sensible encore et me permettront de ressentir mon travail comme partie intégrante de ma vie. J’espère qu’elles m’auront rendu capable de décrire ma vie au travail et celles de mes collègues comme j’ai pu le lire ce matin.
Pascal DENHAERINCK