Analyse et idéologie

11/08/2014 15:31

 

Cette décennie est incontestablement dédiée à la mesure quantitative.  Il est peu d’aspects de notre vie au travail, voire de notre vie quotidienne qui ne soit décortiqués, mesurés, mis en statistiques.  Comprendre le réel et sa complexité a toujours été un défi pour l’Homme et, sans la simplification des catégories, il faut bien reconnaître que la tâche est quasi impossible.  Le processus est donc naturel et a incontestablement permis des progrès considérables dans tous les domaines où l’humanité a pu exercer une influence.  Les avancées technologiques n’ont fait qu’accentuer le phénomène et accroître ses champs d’application.

Si le processus de mesure et de quantification en lui-même n’a donc rien d’exceptionnel (même s’il est remarquable), il est intéressant de s’interroger sur ses liens avec l’idéologie.  Henry Mintzberg lui-même déclarait que l’idéologie était une des composantes de l’organisation tant elle déterminait l’ensemble de ses structures et de ses systèmes.  Si l’on s’en tient aux grandes tendances managériales qui président à la gestion de nos entreprises, l’analyse quantificatrice et méthodologique semble absolument toute puissante.  Peu de décisions se prennent encore sans une phase d’audit, de certification des processus, de planification quantitative.  Aucune option n’est envisageable si ces analyses ne révèlent pas la vérité de la rentabilité.

Là encore le phénomène n’est pas nouveau mais il suffit de voir que les entreprises engagent plus de fonctions de technostructure que de fonctions productives pour se convaincre de sa prédominance.  Il suffit aussi de voir les salaires attribués à ces fonctions par rapport aux fonctions productives.

On peut donc légitimement se poser la question de la place qu’occupe encore l’idéologie dans les grandes décisions économiques, voire sociologiques.  Le monde serait-il entièrement régi par un rationalisme quantitatif et méthodologique absolu qui règle, une bonne fois pour toute, la question de l’échelle des valeurs ?  Les décisions importantes (parfois humainement douloureuses) trouvent leurs justifications sans grande discussion possible.  Il est juste envisageable de réfléchir aux modalités d’application de ces décisions mais certainement pas de leur bien-fondé dans la mesure où tout a été démontré par l’analyse.

C’est à ce niveau que le raisonnement me semble un rien cocasse.  Quoi de plus idéologique en effet que de décréter la supériorité de la légitimité d’un modèle par rapport à un autre.  En tentant d’imposer un mode de raisonnement comme ultime (nécessité fait loi), voire comme arme ultime par rapport à des raisonnements présentés comme fondés sur des croyances, le rationalisme analytique (pardonnez-moi le raccourci) s’érige lui-même en idéologie dominante et repousse ainsi toute forme d’autocritique.  Une croyance répandue dans le monde du travail...

A suivre

Pascal DENHAERINCK

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