Le pari du maintien au travail !

27/10/2014 16:55

Soyons clair, net et précis.  La santé au travail est d’abord et avant tout un enjeu de santé publique.  On ne doit pas être en bonne santé pour bien produire mais tout simplement parce que c’est un facteur de bien-être aussi essentiel que l’eau ou la nourriture.  Dans une société qui a décidé que chacun d’entre nous était important, la (bonne) santé est une fin en soi.

Les fondamentaux rappelés, il est quand-même intéressant de se poser la question des liens entre bonne santé individuelle et bonne santé de l’entreprise. 

Il n’est tout d’abord pas évident de faire un lien entre santé et productivité.   Vous n’êtes pas forcément performant lorsque vous vous sentez bien dans votre corps et votre esprit.  Par contre, il vous est impossible de l’être si votre santé est défaillante.  Si des responsables me posaient la question de savoir à quoi sert de travailler à la santé en milieu professionnel et que je mettais de côté mes fondamentaux,  je leur répondrai en toute simplicité que, du point de vue l’entreprise, cela sert d’abord à diminuer les risques d’incapacité de travail et, plus globalement, l’absentéisme.  

La Belgique a franchi en 2013 un cap particulièrement significatif en la matière.  Si l’on compte les fonctionnaires mis en disponibilité c’est près de 520.000 personnes qui ont été déclarées en incapacité dans cette période.  Ce chiffre impressionnant nous donne une idée du défi qui nous attend tous.

A juste titre, certains s’émeuvent du coût pour l’entreprise de la prise en charge financière de deux mois de salaire en cas d’incapacité.  Effectivement, c’est particulièrement lourd.  Mais il n’y a pas que l’incapacité de longue durée qui coûte à l’entreprise.  L’absentéisme de courte durée pèse aussi sur le budget et la compétitivité de l’entreprise :  pas de remplacement, surcharge de travail pour les collègues avec nouveaux risques d’incapacité, diminution de la réactivité vis-à-vis des clients, désorganisation interne, etc. 

Le problème n’est donc pas tellement la prise en charge de deux mois de salaire mais bien la lutte contre l’incapacité de longue durée et l’absentéisme de courte durée.  Ces deux phénomènes sont bien liés à la santé au travail.

Tous les partenaires impliqués ont intérêt à se mobiliser en la matière.

1. Les travailleurs bien entendu qui, dans leur immense majorité, préfèrent travailler dans de bonnes conditions que d’être en arrêt de maladie sous traitement médical et qui voient leur employabilité diminuer au fur et à mesure que s’allonge leur temps d’incapacité.  Sans côté le surcroit de travail qu’occasionne l’absence de leur collègue.

2. Les organisations syndicales qui se doivent de défendre un modèle social équitable entre travailleurs et favoriser un environnement de travail sécurisant et sain.

3. Les organisations patronales et leurs entreprises affiliées qui payent le prix fort et direct des incapacités et qui diminuent d’autant leur productivité et, donc, leur compétitivité.

4. Les pouvoirs publics qui, garants de la pérennité de notre modèle de sécurité social et responsables de la régulation de notre modèle économique, voient le phénomène revenir comme un boomerang financier lorsqu’il est oublié dans leurs politiques.

 

Alors oui -  je reviens à nos fondamentaux -  la santé au travail est bien un enjeu publique et non une variable d’ajustement au plus fort des négociations entre partenaires sociaux.

 

Faisons pour terminer quelques paris ?

Et si les entreprises belges devenaient les plus compétitives d’Europe  en étant à la pointe de la santé au travail ? Et si les politiques publiques les y aider en trouvant des incitants financiers pour  les initiatives de maintien au travail prises par chacune d’entre elles ? Et l’on faisait entrait notre société dans un cercle vertueux où plus le travailleur est en bonne santé et heureux, moins il est absent, plus l’entreprise est performante, plus elle est compétitive, plus elle génère des revenus pour la sécurité sociale, et plus notre modèle de société peut donner sa juste place à l’Homme ?

Relèverons-nous le pari du cercle vertueux du maintien au travail ?

 

 

 

Pascal DENHAERINCK

 

Précédent

Contact

J'y pense
Avenue konrad Adenauer 8
1200 Bruxelles

+32495167130

© 2014 Tous droits réservés.

Créer un site internet gratuitWebnode