Mauvais employé !
13/08/2014 14:30
Mauvais employé !
O mora ! O tempores !. Vous êtes « un peu » malade mais ces dossiers à terminer, ces collègues en souffrance de votre absence et ces chefs qui admirent votre abnégation face à ces micro-organismes parasites qui vampirisent vos cellules vous dissuadent de rester au lit ou de regarder benoîtement la télévision dans votre divan. Vous êtes de ces vainqueurs qui ne s’avouent vaincus que dans la mort. Ecoutez bien ceci.
- Vos virus vous aiment. Vous êtes le candidat idéal, le propagateur efficace, courageux, valeureux. Personne n’a porté aussi haut les couleurs de leur ADN. Grâce à vous, 20 ou 30 personnes pourront à leur tour servir de salon à leur progéniture. Ils vous seront reconnaissants en vous colonisant de plus belle.
- Votre travail par contre ne vous aime pas pendant cette période. Qu’est-ce que c’est que ces inattentions, ces irritations, ces erreurs « involontaires ». Comment cela « involontaires » ? Ce n’est peut-être pas vous qui avez décidé de venir ce matin ?
- Et Jeanine ? Vous avez pensé à Jeanine ? A qui vous faites la bise tous les matins et que vous privez de ce plaisir aujourd’hui sous prétexte que vous êtes contagieux. Vous préférez sans doute éternuer près de la machine à café, toucher toutes les poignées de porte, diffuser vos effluves en réunion, jeter vos mouchoirs en papier dans toutes les poubelles de la maison,…
- Vos collègues au moins apprécieront votre geste. Vous n’abandonnez pas le navire dans la tempête ! Ils vous féliciteront, seront émerveillés devant tant de bravoure. En attendant, la prochaine fois qu’ils seront malades, ils se sentiront obligés de faire la même chose sous peine d’apparaître comme des pleutres, des fainéants de la pire espèce, des lâches sans foi ni loi. Après cela, vous croyez qu’ils vous aimeront derrière les quelques minaudages de circonstance ?
- Menteur en plus. Vous n’êtes qu’un vil menteur ! Vous trompez les statistiques. Votre présence masque les dégâts que vous causez auprès de votre entourage. Votre jour de présence va causer trente jours d’absence et vous direz perfidement : « ce n’est pas moi, c’est l’autre ». C’est vous qui faites exploser le phénomène d’absentéisme ! (je m’emporte, je m’emporte…).
- Et enfin, lorsque que vos charmants invités auront bien colonisé la moindre parcelle de votre si chaleureuse habitation biologique, vous vous écroulerez en héro ayant vidé toute son énergie pour la grande cause. Vous paraderez sans remords entre vos oreillers et la couette. Pas pour trois ou quatre jours comme tous ces médiocres. Non, pour trois ou quatre semaines grâce aux complications. Une bonne pneumonie, une infection grave qui ne se traite qu’avec antibiotiques et, de préférence, à l’hôpital. Grâce à vous la sécurité sociale prouvera son efficacité. Vous ferez tourner la machine hospitalière…Grâce à vous, le système sera en déficit, les taxes augmenteront, les entreprises licencieront, le chômage explosera, les gens n’ayant plus accès aux soins mourront plus vite, Dieu sera surchargé au paradis, peut-être en burnout et plus personne n’assurera votre salut.
Restez donc au lit.
Pascal DENHAERINCK