Trop chères les mutuelles ? Un A4 pour comprendre

13/02/2016 13:18

Du financement des mutuelles

Une certaine mode politique s’installe pour pointer du doigt les surcoûts engendrés par le fonctionnement des mutuelles.  Elles dépenseraient trop et seraient trop financées pour le service qu’elles fournissent.  On entend même d’autres voix se poser la question de leur légitimité en tant qu’opérateurs de l’assurance obligatoire.

Il me paraît nécessaire de revenir à quelques fondamentaux pour bien comprendre l’impact d’un tel discours sur nos sociétés et l’avenir des soins de santé en Belgique.

En Belgique, le dynamisme de la société est très souvent le fruit d’initiatives citoyennes.  Des citoyens responsables ont créé des organisations dont le but était de mettre en place des services et des systèmes régulateurs qui bénéficiaient directement à la population.  C’est ainsi que sont nées de grandes organisations comme les mutuelles, les syndicats, les mouvements sociaux, certains pans de l’enseignement, les associations de bénéficiaires (patients, consommateurs, personnes handicapées), des services sociaux,….  Ces grands mouvements citoyens se sont structurés et professionnalisés.  L’Etat a accompagné ces initiatives en les finançant d’une part et en les associant à la gestion des systèmes mis en place d’autre part.  Notre modèle est donc très particulier dans la mesure où l’Etat reconnaît à ses citoyens le droit d’organiser eux-mêmes les services dont ils sont bénéficiaires et leur attribue même la compétence de les faire vivre.  Il récolte l’argent nécessaire à leur fonctionnement, régule leurs activités et légifère lorsque c’est nécessaire.  De leur côté, les organisations citoyennes gèrent les systèmes au quotidien, maximalisent le service aux bénéficiaires et font remonter l’information à l’Etat sur ce qu’il serait bon de réguler.  Le système est parfaitement équilibrer démocratiquement et garanti que notre vie associative ne tombe pas aux mains d’un régime politique partial. 

Contrairement aux arguments qui se propagent sur la partialité de la gestion des moyens des soins de santé par les mutuelles, le système actuel garantit au contraire aux citoyens de garder la main sur les leviers de sa politique de santé.  Il a même encore le luxe de choisir le réseau auquel il fait confiance (socialiste, libre, chrétien, neutre).

Voilà pour l’argument politique et citoyen.  L’argument financier vaut aussi la peine d’être démonté.

Les mutuelles seraient trop chères et serviraient des intérêts particuliers.  Rappelons qu’en Belgique, toutes les mutuelles sont des associations sans but lucratif et qu’aucune d’entre elles n’a d’actionnaires à nourrir.  La totalité des marges qu’elles dégagent est  réinvestie dans des projets médico-sociaux (hôpitaux, services d’aide et de soins à domicile, maison de repos et de soins, aide en milieu ouvert pour la jeunesse, prise en charge du handicap,…).   Diminuer drastiquement les frais de fonctionnement des mutuelles va forcément obliger celles-ci à faire des choix dans leurs investissements.  Les chantiers sociaux non-couverts par elles risquent d’être investis par des intérêts privés non dédiés à la collectivité.  Le mouvement est déjà très largement initié dans le secteur des maisons de repos et de soins par exemple où de nombreux fonds financiers investissent massivement surfant sur la vague du vieillissement de la population.  Ces fonds visent évidemment à maximaliser le profit de leurs actionnaires.  Deux moyens pour y arriver.  Augmenter les prix et réduire les coûts.  Pas certain que cela influe positivement sur la qualité de la prise en charge et que cela contribue à l’accessibilité de ce type de services.

Réfléchissons donc à deux fois avant de déréguler le système au nom d’une gestion efficace des moyens publics…

 

Pascal DENHAERINCK

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